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Episode 3 : L'aventure du Cinéma Plein-Air

Chacun a sa passion. Celle de Serge PEAULT, c'est le Cinéma. Jeune élu municipal, nous sommes en 1984, il rêve alors de réactiver la salle de l'EDEN qui a depuis quelques années cessé toute exploitation. Hélas, là, comme dans tant de domaines, rêve et réalité ne peuvent se rejoindre. L'idée germe alors de tenter une expérience de Cinéma plein-air. Un encadré paru dans Télérama attire l'attention d'un exploitant d'une salle de cinéma de Cannes qui accepte de tenter l'expérience. La municipalité autorise l'implantation sur la zone de la Bâtie d'infrastructures mobiles. A la surprise des nombreux sceptiques l'ouverture a lieu le 7 juillet

Une quarantaine de séances auront lieu, le total de spectateurs (inférieur à 4000) est en deçà des espérances de l'exploitant et surtout l'endroit retenu s'est avéré incompatible avec l'activité : une brise permanente et fraîche fait battre l'écran de toile et frigorifie les spectateurs, le centre ville et les zones touristiques sont trop éloignés. La recherche d'un emplacement mieux adapté, et abrité, s'impose


Montage des films

Le bâtiment de l'OCCAJ, ancien centre de jeunesse désaffecté depuis des années, est considéré comme idéal. Il est situé en centre ville et ses enceintes mettent sa cour à l'abri des "courants d'airs" et des resquilleurs. L'association responsable du bâtiment accepte de le mettre à disposition de la municipalité. Une saison 1985 peut-être envisagée. Hélas, la majorité du Conseil Municipal retoque la reconduction de l'activité. L'exploitant jette l'éponge et Serge avale sa déception. Il ne sera pas seul. Les spectateurs de la première année, qu'ils soient pradétans ou vacanciers, regrettent cette décision et font démonstration de leur incompréhension auprès du syndicat d'initiative, lequel remonte l'information aux élus municipaux qui devront s'incliner en 1986.

Ayant récupéré le matériel de projection de l'ancien cinéma Lafayette de Toulon, c'est avec un nouvel exploitant qu'en juillet 1986 reprennent dans la cour de l'OCCAJ les séances de cinéma en plein-air. Elles auraient pu ne pas avoir lieu sans le secours de Mrs Antombrandi père & fils, les projectionnistes du cinéma Ariel de Toulon. C'est grâce à leur gentillesse et au matériel qu'ils ont accepté de mettre à disposition que les projections ont pu démarrer. Ils méritent d'être cités et chaleureusement remerciés.

Conforté par les résultats encourageants de la saison 1986, la décision était prise de reconduire la délégation d'exploitation avec les mêmes partenaires pour 1987. Les premières démarches auprès des distributeurs pour préparer la saison furent celles des premières mauvaises surprises, celles qui ont pour nom endettements, impayés, etc… Il n'était plus question d'envisager cette reconduction et nous étions début juin 1987. Pour maintenir l'activité, Serge PEAULT ne voit qu'une solution : créer une association. Ainsi naît l'Association pour la Diffusion et la Réalisation Audiovisuelle et Cinématographique (ADRAC). Sa mission immédiate: gérer le Cinéma Plein Air. Son ambition : développer la diffusion et la création. Accompagnée et encouragée par Michelle BELLEVIN, Patrice AUBERGE, Claude MESANGROAS et Guy PONS au sein d'un Conseil d'Administration réduit, l'ADRAC met en vente dès mi juin une carte d'abonnement afin de récupérer les fonds nécessaires au règlement des dettes de l'année passée, préalable indispensable à l'obtention de films

La saison 1987 débute avec l'aide encore une fois de Georges et Jean Antombrandi. C'est Jean De Florette qui est à l'affiche. Tout au long des mois de juillet et d'août nos amateurs d'images, vont alors s'improviser constructeur, caissier, ouvreur, teneur de buvette, et même projectionniste. Ces efforts sont récompensés par 5500 spectateurs sur 50 séances, une notoriété retrouvée et un bilan financier satisfaisant permettant de concrétiser les ambitions


Olivier prêt pour la projection

La confiance des distributeurs retrouvée, l'ADRAC devenue ICV peut se consacrer à l'amélioration des installations. Chaque année verra son lot de nouveautés : écran (10 x 4) sur structure métallique démontable, sonorisation 5 voies, équipements de projection et de montage, … Tout ICV participe durant la 1ère semaine de juillet à la préparation de la saison : rafraîchissement et montage de l'écran, mise en place des matériels, installations des chaises et des panneaux d'affichages, … Les jeunes de l'association seront chacun leur tour sollicités pour assurer le bon déroulement des séances. Un jour c'est la vente des billets, l'autre la tenue du stand glaces et boissons. Les plus techniques découvriront le montage des films, et le stress de la projection. Il faut également récupérer certaines copies dans les salles alentours (Bandol, La Favière, …). Les équipes informatiques se chargent de l'élaboration et du tirage des programmes qui seront affichés et distribués chez les commerçants pradétans, dans les campings et les centres de vacances.

La programmation, c'est Serge. Son obsession, l'équilibre, ne pas tomber dans la facilité et ne diffuser que les succès assurés ou les blockbusters estivaux. Sa méthode, l'alternance, proposer des films jugés (à tort) confidentiels ou difficiles entre les projections des comédies ou des films d'actions formatés. Ses désirs faire découvrir une œuvre ou un auteur

délaissé (à tort) et partager ce qu'il a aimé. Pour cela, il doit parfois se battre pour obtenir de certains distributeurs des films qui n'apparaissent pas à priori destinés à une exploitation plein-air. Son entêtement et un public fidèle et connaisseur feront taire les remarques de ceux qui ne voulaient être que des marchands d'images

Toujours soucieux d'être un élément moteur de la vie du Pradet, ICV lance des opérations ponctuelles ou régulières qui par ailleurs singularisent le Cinéma Plein-air. Le 20 c'est 20 frs, c'est les 20 juillet et 20 août un tarif pour les jeunes avec un film pour les jeunes. Lors de la reprise de West side story, c'est les écoles de danses qui sont invitées. A l'occasion du centenaire de l'aviation ICV projette Le ciel est à vous, L'odyssée de Charles Lindbergh, et L'étoffe des héros. Pour la projection du film d'Alain Corneau Le nouveau monde, Rémy Buffin et son ensemble assurent une animation (rock et jazz). Certaines projections ont été prolongées par un débat organisé entre les spectateurs et un intervenant spécialiste du sujet traité : Justice et raison d'état avec Au nom du Père, la fin des colonies avec Dien Bien Phu. Il y eu même en 1996 une projection du film Twister où ICV réussit à mélanger fiction et réalité. Les vents, les éclairs et les trombes d'eau, qui s'abattirent ce soir là sur le Pradet, firent des spectateurs d'authentiques chasseurs de tornades. Sûr qu'ils s'en souviennent encore

Malgré le succès permanent de l'activité durant 14 années, la convention avec la municipalité ne fut pas reconduite en 1999 et le cinéma plein-air fut contraint de cesser son activité. Officiellement il fallait céder la place à un espace vert, qui au final n'a jamais été réalisé, et d'autre part du fait de l'augmentation des actes de délinquance à ses abords, les plaintes du voisinage se faisaient plus fréquentes. Refusant les quelques 600 signatures recueillies pour le maintien de l'activité et sans prendre en compte les propositions d'aménagement d'ICV, la décision fut maintenue

A suivre ................................................................................................................................................................................Retour